Les 28 et 29 janvier

NOUS ALLONS PERDRE DEUX MINUTES DE LUMIÈRE

 

 

 

 

 

 

 

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Frédéric Forte : texte
Leïla Brett : images
Patrice Soletti : guitare

Rendez-vous à 19h30 à la Baignoire

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La phrase « Nous allons perdre deux minutes de lumière », je l’ai entendue prononcée un jour à la télé par une présentatrice de la météo. Je l’ai aussitôt perçue comme un titre de livre potentiel. Et plus qu’un titre, un modèle de phrase et de vers. 

Quelques années plus tard, j’ai voulu déployer cette phrase en un long poème, dont la forme serait déterminée par la structure même de la phrase de sept mots et douze syllabes : 7 chants de 7 strophes de 12 vers de 12 syllabes.

Durant les sept mois de l’écriture du poème, j’ai essayé de saisir à chaque instant, dans un flux, ce qui, dans ma vie de tous les jours, pouvait être « la phrase suivante ». D’une phrase à une autre plusieurs heures ou toute une nuit pouvaient parfois s’écouler. Le poème est donc une sorte de journal en coupe. L’idée, en tout cas, était bien de confronter cette phrase matricielle à ce qui fait un quotidien : une expérience à la fois intime et partageable, une tranche de vie à laquelle chacun peut s’identifier.

Avant même d’avoir terminé l’écriture du texte, j’avais déjà envie de le lire en public, in extenso. Et pour pouvoir immerger plus avant le public dans le poème, j’ai proposé à deux artistes – le guitariste Patrice Soletti et la plasticienne Leïla Brett, tous deux maîtres dans l’art de la répétition, de la variation, du jeu avec le temps… – de créer avec moi une pièce qui dépasserait la simple lecture, mêlant le poème à la guitare jouée en direct et à un diptyque vidéo pour nous faire vivre plusieurs mois en moins d’une heure.

Frédéric Forte

Nous allons perdre deux minutes de lumière est paru chez P.O.L en février 2021. 

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FRÉDÉRIC FORTE, né en 1973 à Toulouse, vit aujourd’hui à Paris. Il est poète et, depuis 2005, membre de l’Oulipo. Marqué très tôt par l’œuvre de Raymond Queneau,

il s’est tourné vers la poésie en 1999 après avoir joué de la basse électrique dans des groupes de rock. Ses initiales sont aussi celles de « formes fixes » dont il aime explorer les potentialités… Mais il ne s’interdit aucune voie, pas même la prose ou le vers libre.

« Un vrai sens de la musique et du rythme, une humeur légère… Ce Buster Keaton traverse avec élégance et malice le pays des mots et son amusement est le nôtre », a écrit Christine Plantec dans Le Matricule des Anges.

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LEÏLA BRETT : La majeure partie de mon travail plastique relève de la pratique du dessin – je réalise principalement des œuvres monochromes sur papier –, inscrit dans une démarche protocolaire et à long terme. Si mon médium privilégié est le papier, j’envisage des prolongements de celui-ci dans d’autres pratiques comme la vidéo, ou le livre d’artiste.

À l’origine de mon travail, des préoccupations : le motif, la répétition de ce motif jusqu’à sa disparition, l’acte même de faire, à la main, la variation et parfois l’erreur, le temps du faire ou de l’effacement ; des procédés simples (recouvrement, découpe, copie, ponçage), avec parfois un texte en filigrane.

Depuis 2016, je travaille sur un grand projet autour d’Alexander Cozens et de sa

Nouvelle théorie pour assister l’invention du dessin dans la composition originale de paysages. Cette théorie publiée en 1785 est la première à convoquer le hasard dans l’élaboration d’une œuvre d’art.

À partir de cette idée, j’ai développé deux séries que j’ai montrées dans leur intégralité en 2018 à Bruxelles. La première, Macules, est un travail sur vingt grandes estampes, la seconde, (D’après) C, résidu de la première, se compose de petits objets de poussières d’encre et de papier.

À cela s’ajoute une collecte de 183 vidéos de ciels réunies dans un film1 de
trois heures – toujours en cours d’écriture et de montage – et des dessins monochromes réalisés dans la continuité d’une série engagée en 2012, Nuances.

La question du paysage, de sa représentation et de la temporalité sont des questions centrale dans cette recherche.

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PATRICE SOLETTI  est un guitariste improvisateur et compositeur autodidacte, actif au sein de groupes musicaux issus du jazz et du rock alternatifs. Il collabore et compose régulièrement pour la danse contemporaine, l’image, le théâtre…

Attaché à une certaine idée de l’émancipation et de l’autonomie (Do it Yourself)
il développe son expression singulière en suivant plusieurs voies parallèles et complémentaires : s’investit dans des projets artistiques collectifs, joue du jazz, de la musique expérimentale, du rock, réalise des projets pluridisciplinaires, participe à la mise en place de micro-structures de production autogérées… Il a été lauréat du « Concours Île-de-France » (musique sur le film Rupture de P. Étaix) et primé au concours Django Reinhardt de Samois-sur-Seine.

Dans le domaine du jazz et de la musique improvisée contemporaine, il a collaboré avec de nombreux artistes notamment Louis Sclavis, Barre Phillips, Catherine Jauniaux, Bruno Chevillon, Martin Tétrault (CA), Pierre Tangay (CA) Tetuzi Akiyama (JP), Philippe Deschepper, Paul Dutton (CA)… Dans le domaine de la performance, il se produit avec le poète Julien Blaine dans le cadre de poésies- actions (festival de Lodève, Infra’action-Sète, Caza d’Oro – Mas d’azil, pavillon de l’Arsenal – Paris…) et son frère Pierre Soletti.